Michelin 2022 et le bon samaritain du Cognac

La guerre en Ukraine a atténué l’écho de la cérémonie du Guide Michelin le 22 mars à Cognac. Pour autant, les deux entrées dans le club ultra-fermé des trois fois étoilés ont fait parler d’elles. Telle la 3ème étoile accordée à la Villa Madie de Dimitri et Marielle Droisneau à Cassis. Même si le coup d’éclat a bien été la reconnaissance du travail d’Arnaud Donckele -déjà distingué par le Gault et Millau- pour son restaurant « Plénitude » installé dans les murs de la Samaritaine. C’est, dit-on, la deuxième fois en trente ans dans l’histoire du Michelin -après Yannick Alleno et son Pavillon Ledoyen en 2015-, qu’un chef décroche trois macarons du premier coup. On remarquera que les deux ténors se sont distingués par leur talent saucier …

Bernard Arnault, géant du Luxe et propriétaire d’une Samaritaine toute pimpante abritant cette « Plénitude », a du se réjouir. Egalement patron du Cognac Hennessy- le « H » du groupe LVMH-, il a contribué avec ses homologues du spiritueux charentais aux agapes michelinesques… Son rival, François Pinault, n’aura lui même pas eu un prix de consolation pour sa Halle aux Grains confiée à Michel Bras. Mais on sait que le seul nom de Bras donne de l’urticaire aux gens du Michelin depuis que Sébastien, le fils de Michel, en véritable apostat, demanda en 2018 à être retiré du Guide …Il figure encore dans l’édition 2022 avec deux étoiles.

Michelin n’y est pour rien mais ce Guide 2022 s’avère être une bonne illustration du clivage socio-économique français. Un tiers des nouveaux étoilés se trouvent dans la capitale… Pour l’anecdote, on aura noté que dans la bataille sur Seine au pied de la Tour Eiffel, entre Alain Ducasse, ancien chef du Jules Verne – le restaurant du 2ème étage de la Tour- et son successeur, Frédéric Anton, qu’une première étoile a été accordée à ce dernier pour son Don Juan II. C’est le nom de son yacht gastronomique venu concurrencer le « Ducasse-sur-Seine » lancé en septembre 2019. Le navire Ducassien a beau fonctionner à l’électrique -et donc ne pas polluer- et servir une belle cuisine, cela n’a pas convaincu les inspecteurs du Guide Rouge. Même pour une étoile Verte …

Les nouveaux étoilés

Trois étoiles

Cassis (13) -La Villa Madie
Paris (1er) -Plénitude – Cheval Blanc Paris

Deux étoiles

Bommes (33)- Lalique
Nîmes (30)- Duende
Paris (1er)- Palais Royal Restaurant
Paris (12ème) -Table – Bruno Verjus
Paris (16ème) – L’Oiseau Blanc
Monaco (98) – Le Blue Bay

Une étoile

Baden (56)- Le Gavrinis
Beaune (21)- Restaurant Hostellerie Cèdre & Spa
Béziers (34)- L’Alter-Native
Biarritz (64) – La Rotonde – Hôtel du Palais
Binic (22) – La Table d’Asten
Boeschepe (59) – Auberge du Vert Mont
Bonnieux (84)- La Bastide de Capelongue
Bordeaux (33) – Maison Nouvelle
Brest (29)- L’Embrun
Busnes (62) – Château de Beaulieu – Christophe Dufossé
Cheverny (41)-Le Favori – Les Sources de Cheverny
Ciboure (64)-Ekaitza
Courchevel (73) – Sylvestre Wahid – Les Grandes Alpes
Dijon (21)- Origine
Les Eyzies-de-Tayac (24)- Le 1862 – Les Glycines
Gesté (49)- Le 1825 – La Table gastronomique
Grane (26) – Le Kléber – La Maison Bonnet
Lorient (56)- Sources
Marseille (13) – Une Table au Sud
Megève (74)- La Dame de Pic – Le 1920
Montpellier (34)- Jardin des Sens
Montréverd (85) – La Chabotterie
Nancy (54)-La Maison dans le Parc
Paris (1er)- Granite
Paris (3ème) – Auberge Nicolas Flamel
Paris (3ème) – Ogata
Paris (5ème)- AT
Paris (8ème) – Contraste
Paris (8ème)- Il Carpaccio
Paris (8ème)- Jean Imbert au Plaza Athénée
Paris (11ème) – FIEF
Paris (16ème) Bellefeuille – Saint James Paris
Paris (16ème)- Don Juan II
Paris (16ème) – Substance
Paris (18ème) – Sushi Shunei
Le Puy-Sainte-Réparade (13) – Hélène Darroze à Villa La Coste
Roquebrune-Cap-Martin (06) – Ceto
Saint-Émilion (33) – Les Belles Perdrix de Troplong Mondot
Saint-Grégoire (35) – Ronan Kervarrec – Le Saison
Vannes (56)- La Tête en l’Air
Versailles (78) – Le Grand Contrôle

Quand Poutine transforme le rêve de Michelin vu par Houellebecq en cauchemar…

Olga Sheremoyova ne travaille plus à la communication de Michelin. Cette belle russe, maîtresse du héros Houellebecq dans la Carte et le Territoire -prix Goncourt 2010- incarnait un rêve pour Michelin selon l’auteur… Patatras ! Les oligarques russes ne font plus « péter » les magnums de Médoc à 1000 € chez les trois macarons.   

« Si elle travaillait en ce moment dans les bureaux parisiens de Michelin, Olga était en fait détachée par la holding Compagnie Financière Michelin, basée en Suisse. Dans une tentative de diversification assez logique, la firme avait récemment pris des participations importantes dans les chaînes Relais et Châteaux, et surtout French Touch, qui montait fortement en puissance depuis quelques années – tout en maintenant, pour des raisons déontologiques, une indépendance stricte par rapport aux rédactions des différents guides. La firme avait vite pris conscience que les Français n’avaient, dans l’ensemble, plus tellement les moyens de se payer des vacances en France, et en tout cas certainement pas dans les hôtels proposés par ces chaînes. Un questionnaire distribué dans les French Touch l’année passée avait montré que 75% de la clientèle pouvait se répartir entre trois pays : Chine, Inde et Russie – le pourcentage montant à 90% pour les établissements « Demeures d’exception », les plus prestigieux de la gamme. Olga avait été embauchée pour recentrer la communication afin de l’adapter aux attentes de cette nouvelle clientèle. »