Une stratégie pour la haute gastronomie qui fait tousser…

Le gouvernement a dévoilé une nouvelle stratégie pour la haute gastronomie  à l’international.  Un centre national de la gastronomie française va être créé près de Lyon. Ce devrait être l’équivalent de Clairefontaine pour le foot. Un Groupement d’Intérêt Public (GIP), associant des partenaires publics et privés, devrait permettre de mieux préparer les professionnels aux compétitions internationales du type Bocuse d’Or. Pour Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, «le projet français est unique car tous les métiers de bouche et du service seront représentés.»

Il est vrai que nombre de chefs ne se remettent pas des piètres classements internationaux des restaurants français. A commencer par le célèbre « 50 Best »  créé en l’an 2002, suspecté de « french bashing » et d’opacité dans les choix de son jury … Ainsi, cette année, le restaurant qui arrive en première position se trouve à Lima (Central) et le premier français arrive en 10^e position avec la Table de Bruno Verjus.

Il s’agit aussi de renforcer la présence française dans les rendez-vous internationaux qui font les tendances de la haute gastronomie tel le Madrid Fusión Food from Spain. De même l’opération « Goût/ Good de France » lancée en 2015 devrait revenir en 2024 pour une série d’événements organisés par le réseau diplomatique français sur les cinq continents. Reste les moyens, plutôt menus, consacrés à cette promotion. Soit 1,5 million d’euros selon la Tribune du Dimanche. C’est peu. 

Enfin, pour soutenir le développement de la Haute Gastronomie Française à l’international une première promotion d’une dizaine de chefs français sera accompagnée dans leur implantation à l’étranger. Un jury d’experts comprenant notamment le président d’Atout France, le chef Alain Ducasse ou encore le vigneron Gérard Bertrand sélectionnera les jeunes chefs qui ont jusqu’au 3 mai pour candidater. Ils bénéficieront d’un programme d’accompagnement de 6 à 8 mois pour s’implanter sur des pays comme l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis ainsi que Hong Kong / Macao. Des pays, dit-on, aptes « à valoriser la haute cuisine française. » 

Reste qu’en matière de gastronomie, le gouvernement ne donne pas l’impression que la France marche sur ses deux jambes… L’annonce de ce dispositif à l’international intervient quelques semaines après le retrait du débat parlementaire sur le renforcement du fait-maison sur lequel la même Olivia Grégoire avait planché durant des mois avant que les lobbys de la malbouffe via les syndicats professionnels ne parviennent à convaincre l’Elysée et Matignon d’y renoncer in extremis.

L’ambassadeur de la Gastronomie française nommé par le Président de la République semble un peu échaudé par les réactions suscitées par la présentation de ce dispositif à l’international. De la part de ses pairs, d’une part, car on sait que le milieu de la grande cuisine ne manque pas d’egos. Et des journalistes spécialisés, d’autre part, qui reprochent, selon lui, au gouvernement de promouvoir une cuisine d’élite.

« C’est cette grande cuisine qui fait venir des touristes en France qui consomment des produits français. Cela serait bien qu’on pense positif et que l’on joue le camp France » assène Guillaume Gomez.

Soit. Mais quelle que soit la véhémence de l’ancien chef de l’Elysée, difficile de ne pas voir ici aussi une limite du « en même temps » macronien appliqué cette-fois ci à la  gastronomie. Car pendant que la France cherche à placer ses chefs dans les grands restaurants de la planète, la situation ne s’améliore pas sur le terrain hexagonal. Les 175 000 restaurants que compte le pays ne sont pas tous en très bonne santé… Au contraire des MacDo et autres Burger King qui s’implantent désormais dans les petites villes moyennes accélérant un mouvement de fermetures des restaurants traditionnels.  Guillaume Gomez a beau rappeler les politiques menées par exemple sur la promotion des circuits courts, la loi Egalim ou l’éducation à l’alimentation, il reconnait aussi que les enfants mâcheurs de nuggets ne seront sans doute pas des clients de bistrots dans 30 ans …

Le label World’s French Restaurant des Maîtres restaurateurs

Depuis 2020, les Maîtres Restaurateurs promeuvent aussi la gastronomie française à l’étranger. Ils ont créé l’association World’s French Restaurant pour élargir le titre de Maître Restaurateur au-delà des frontières. Leur dernier congrès s’est tenu à Nancy les 24 et 25 mars dernier. Ainsi le label World’s French Restaurant (WFR) réunit des restaurateurs francophones et francophiles autour de valeurs communes aux Maîtres Restaurateurs et du savoir-faire français. 

https://www.worldfrenchrestaurant.com/en