Stéphane Layani : il a les clés du garde-manger des Parisiens

Et si Rungis n’existait pas ?
Tout le commerce de proximité disparaitrait car nos concurrents sont les centrales d’achats de la grande distribution. Si l’on veut maintenir une restauration indépendante, des commerces de bouche traditionnel, des marchés de plein vent, le modèle de marché de gros qui est un service public est indispensable.
Le jour où l’on raye de la carte Rungis, vous changez les modalités d’approvisionnement alimentaire des gens et ça dans un pays qui aime tant manger, ça serait un drame national.  Rungis est indispensable si l’on veut garder une diversité alimentaire.

La part de marché de Rungis n’a pas baissé lorsque que l’on voit le déclin du commerce de proximité face à la grande distribution ?
Je gagne des parts de marché. A Paris, j’ai 60% de parts de marché tout  confondu.

Rungis a-t-il souffert des attentats ?
Il y a eu un effet sur le segment de la haute gastronomie avec la chute des clientèles américaines et japonaises. Mais même si les gens ne vont pas au restaurant, ils continuent de manger. En famille ou à la cantine. Et Rungis est présent. A preuve, le succès des marchés parisiens ne se dément pas. Du coup, je n’ai  pas vu en 2015 un impact notable lié aux attentats.

Sur le plan international, à voir vos réussites à Dubaï et Moscou, on se demande s’il y a une martingale propre à Rungis ?
Nous avons un système qui ne désarçonne pas les locaux. Je ne fais pas le travail des autres mais je sais leur apporter des solutions comme à Dubaï. On fait appel à nous parce qu’on maîtrise l’ensemble de la chaîne, du producteur au consommateur, dans de bonnes conditions de sécurité alimentaire. On  sait apporter les produits, les conserver le temps suffisant et enfin les valoriser. C’est la somme d’un savoir-faire accumulé au fil des ans.

Certes, mais en l’espèce on semble concentrer sur de l’ingénierie mais les produits français, eux, ont-ils encore leur chance ?
Tout cela est possible parce qu’en France nos produits sont un avantage considérable. On peut toujours améliorer les signes de qualité. Globalement, l’agriculture française s’en sort très bien et elle est très présente sur Rungis – hors produits concurrentiels tels qu’oranges ou mandarines- plus de 60% de produits travaillés sont d’origine française.
Avec la campagne Label France, je travaille à mettre en avant les produits français. Les besoins alimentaires dans le monde sont énormes. Les Français ont une carte à jouer à l’international. J’espère bien qu’un jour les grossistes, les coopératives, les mandataires auront des bureaux sur ces marchés pour vendre des produits français.
Moi je focalise sur l’export des produits de qualité. Sur les 9 milliards de chiffre d’affaires, un milliard vient de l’export. D’ores et déjà on exporte donc beaucoup. Notamment foie gras, fromages, produits gastronomiques et vins.

Vous importez également beaucoup…
Ce n’est pas nous qui décidons, c’est le consommateur.

interview donnée le 27 octobre 2016

Rungis en chiffres ( 2015)

Superficie :  234 hectares aménagés.
Chiffres d’affaires : 8886 millions d’euros
dont
– 5873 grossistes sur le marché
– 3013 autres activités (courtiers, transports logistiques)

12 000 emplois directs

Nombre d’entrées : 6 500 798

Arrivages sur le marché physique en tonnes  : 1 666 760
dont
– 1 152 892 pour les fruits et légumes
– 271 195  pour les produits carnés
– 97 539 pour les produits de la mer  et d’eau douce
– 75 157 pour les produits traiteur et alimentation générale
– 69 977 pour les  produits laitiers et avicoles