A Rungis, la révolte des fromages qui puent. 

Ce 1^er avril 2025 pas de poisson au menu de Rungis mais des dizaines de fromages odorants d’une cinquantaine de producteurs invités trois jours par la Maison Bruel pour faire savourer aux détaillants le meilleur de leur production. Le refus de la Semmaris – l’aménageur du MIN de Rungis- de participer à l’opération cherchant plutôt à facturer l’espace n’a pas réchauffé les relations avec la Maison Bruel …

Face à l’assemblée des fromagers et détaillants, Jean-Michel Peuch, patron de Bruel et ex-président du syndicat des grossistes, a d’emblée dénoncé l’évolution du MIN de Rungis citant par exemple le « côté ubuesque » du futur pavillon de la souveraineté alimentaire ou la situation moribonde du pavillon bio en voie de désertification par ses opérateurs. 

L’homme pointe la stratégie bétonnière de la Semmaris centrée, à ses yeux, sur la seule logistique qui ignore le côté unique du marché de gros de Rungis. 

Et ce mouvement, selon lui, n’est pas prêt de ralentir : « 237 ha au cœur de l’Ile-de-France, cela a du sens pour les logisticiens et les promoteurs. Pour notre part, c’est autre chose, ainsi l’ouverture du pavillon France-Frais -le pavillon de la coopérative des Maîtres Laitiers du Contentin -NDLR-, nous a fait perdre l’attractivité du produit laitier. Et avec le projet Agoralim dans le Val d’Oise, nous, les grossistes de Rungis nous perdrons encore davantage d’attractivité car les flux du nord de l’Europe nous échapperont. » Mais les périls liés à la logistique ne lui ont pas fait perdre la bonne humeur ni sa foi dans l’humain. A preuve, le mercredi soir, il improvisait pour sa centaine de producteurs et détaillants un formidable pique-nique cocktail au bout de l’Ile-Saint-Louis face au chevet de Notre-Dame. Façon de montrer aux touristes ébahis que les vrais fromages qui puent n’avaient pas encore déserté Paris.