De luxueux dîners clandestins qui ternissent l’image de la grande cuisine…

A quelques jours d’intervalle, on a pu observer différentes façons de l’art de dîner en « clandestinité » à chaque extrémité du spectre social de la capitale. Côté « peuple », un dîner par exemple le 9 avril Aux Bons amis Chez Kiki, bistrot kabyle populaire de Belleville, spécialiste du couscous avec un plat du jour à 8,50€. Vendredi soir 110 personnes y banquetaient pour beaucoup moins cher que les 135 € de PV dont ils ont dû s’acquitter à la sortie…

Pas de harissa, ni de PV au Palais Vivienne mais des dîners « champagne-caviar» facturés de 160 à 490 € et concoctés par Christophe Leroy, chef qui eut son heure de gloire à « Saint-Trop » après avoir officié au mariage de Johnny et qui a vécu une descente aux enfers ces dernières années… A la suite de la diffusion d’images par M6, le maître du Palais VIvienne, le collectionneur Pierre-Jean Chalençon a pimenté l’intérêt du sujet expliquant que des ministres fréquentaient ses dîners…Face au raz-de-marée d’indignation, il a fait marche arrière invoquant son combat pour Napoléon dont le bicentenaire n’avait peut-être pas besoin d’une telle publicité …

Quant aux mystérieux ministres convives, on attend encore leurs noms…  L’affaire a plombé un peu la « com » du ministère de l’Intérieur qui venait de communiquer des chiffres pour montrer son engagement contre ces repas clandestins : soit 300 contraventions pour ouverture irrégulière dressées contre des établissements sur un total de 7 345 restaurants contrôlés à Paris depuis le 30 octobre et 1000 clients verbalisés …

L’affaire, dans les mains de la justice, a connu un prolongement avec la découverte du club privé du chef Christophe Leroy, installé dans son appartement du 8ème arrondissement.  Prix des menus : de 120 à 580 €.  Brice Hortefeux, ancien ministre de Nicolas Sarkozy y a déjeuné avec le journaliste Alain Duhamel. «C’est un club et pas un restaurant» répète le chef. 

La référence aux heures sombres de l’occupation par quelques protagonistes de ces agapes a dû achever d’en écœurer certains. Pour la profession, le coup est rude. A l’UMIH on s’est dit « dépité » et « choqué ». Sentiments partagés au GNI tout comme chez certains chefs qui , comme Michel Sarran et Philippe Etchebest, se sont montrés très remontés.  Quant à Guillaume Gomez, ancien chef de l’Elysée et nouvel ambassadeur de la gastronomie française que nous avons contacté, il n’a pas souhaité s’exprimer. Dommage. Lui qui assure sur facebook qu’il «faut toujours terminer par une note sucrée », saura-t-il faire passer le goût amer de ces dîners clandestins ?