Brasserie Valois-1868

Tapie près du Parc Monceau, le Valois (à ne pas confondre avec ses homonymes du 1er arrondissement ou du 9e) a le charme discret des vieilles brasseries cossues… Ses propriétaires ont ajouté « 1868 » à son nom, façon de l’ancrer dans l’histoire de Paris. Car indéniablement, l’affaire a eu dans le passé des clients prestigieux. Et le terme est faible…quand l’on fait référence à des géants des arts tels que Picasso, Paul Klee, Henri Matisse, Fernand Léger, ou encore François Truffaut en passant par Alain Delon et Romy Schneider…

Mais hélas, le monde a changé…Et si le midi elle attire la clientèle professionnelle de ce quartier d’affaires, certains soirs d’hiver cette affaire semblerait presque cultiver un côté belle au bois dormant. Le décor mobilise tous les codes la brasserie avec banquettes, beau comptoir de zinc où l’on peut manger le midi, banquettes patinées et grands miroirs passés, pendule, parois de verre.  

La luminosité faible, un chouia blafarde, fait songer à ces brasseries filmées ambiance années 40 comme les éclairages de Monsieur Klein de Joseph Losey. On n’entend pas de ces intonations des voix du service qui donnent leur tempo aux grandes brasseries. Tout cela instille l’idée d’une brasserie mi-sérieuse mi routinière. Mais cela n’est peut-être qu’une impression hivernale et il faut s’imaginer une terrasse en juin baignée de soleil pour chasser ces ombres lugubres.

Les assiettes du Valois signent la volonté d’un ancrage aux traditions comme le laisse suggérer le nœud papillon des serveurs. Exécution correcte d’une cuisine de grande brasserie conjuguant goût et générosité. C’est aussi vrai pour ses os à moelle (en gouttière) que pour le baba au rhum (10€) ou le mille-feuille géant (12,5€).

L’andouillette 5A du Père Duval (23,8€) est parfaitement cuite autant que le filet de bœuf ou le pavé de thon albacore ( 28,6€). Une spécialité de la maison, les coquillettes-jambon « Prince de Paris » aux truffes d’été (16,4€) ravira les petites bourses ou les âmes d’enfants…On prendra néanmoins garde à ne pas tomber dans le panégyrique…Car comme ailleurs, les expériences douloureuses peuvent survenir … 

Quant aux vins on est plutôt dans une carte statutaire à l’ancienne avec  prééminence des bordeaux et des grands bourgognes avec quelques bouteilles d’individualités comme Drappier en champagne. Les bons rhodaniens ne sont pas oubliés tels le cairanne de Marcel Richaud. Tout comme les Languedoc rouges, le fitou du Château des Fenals ou les cuvées du Mas d’Espanet permettant de sortir des sentiers battus du classicisme. Seul regret, la part congrue des beaujolais avec deux cuvées. Alors les « bojo » trop popu ou trop contemporains pour ce Valois ? 

Valois 1868

1 place Rio de Janeiro
75008 Paris
Tél. : 01 42 25 03 84