Gourmandise rastellaine – rasteau rouge la Bastide 2020

Aujourd’hui dénommé Vaucluse, l’ancien Comtat-Venaissin fait partie de ces vastes espaces rhodaniens imprégnés de moments historiques. Autant de traces qui marquent l’implantation de la vigne par les Phocéens puis, dès l’aube du IVème siècle av.J.C., la présence des Grecs d’Asie Mineure, et enfin celle des Romains. Passés les tourments consécutifs aux grandes invasions barbares, les religieux y réinstallèrent la vigne, assurant par leur présence l’unité économique et sociale de la région.

Avec des temps forts : installation de la Papauté en Avignon, rattachement sous Louis XI de la Provence à la France, guerres de religions qui exterminèrent la moitié des populations, Révolution française… Au Domaine Brusset où Bacchus a planté son chapiteau au terme de la Deuxième Guerre Mondiale, toutes ces péripéties historiques sont connues et  s’entrecroisent. Trois générations les ont intégrées dans leur culture viticole. Culture dont les fondements reposent aussi, selon les géologues, sur « l’ ancienne mer miocène comblée il y a des millions d’années par les soubresauts alpins ». Tous ces soubresauts colériques générateurs d’une belle variété de terroirs, la famille Brusset les chouchoute afin de mieux les intégrer dans ses vins… En témoigne, ce rasteau rouge 2020 La Bastide.

Pour nombre de dégustateurs, Rasteau fait référence à des vins doux naturels. C’est un peu faire fi de ces magnifiques vins tranquilles que ce cru rhodanien est capable de dispenser. De terres argileuses qui ne souffrent pas de stress hydrique, Laurent Brusset a extrait une vendange mûrie à point, issue de grenache et mourvèdre, dont les rendements n’excédent pas 30hl/ha. Tous les travaux sont effectués « au millipoil » : vendanges manuelles avec tris sélectifs correspondant aux contrôles de maturité, vinification au cours de laquelle on a fait confiance aux seules levures indigènes, longues cuvaisons, élevage en cuve et seulement pour partie en fût afin de maîtriser les possibles exubérances du merrain. Au final, un vin tonique, chenapan -chahuteur de papilles, qui parade dans une tenue pourpre dont l’intensité est une invite à une valse aromatique endiablée. A une olfaction délivrant sans retenue des senteurs de fruits noirs, succède, sur des tanins mûrs, une attaque large qui s’arrondit, volumineuse, pour terminer son envolée sur une finale où cassis, mûre et cerise à l’eau de vie se laissent lutiner par de tendres épices. Un rasteau complexe qui peut attendre 7/8 ans en cave. Pour l’heure, il fera très bien l’affaire avec un lapin sauce au vin…de Rasteau, évidemment.

Prix départ propriété : 16 €

domainebrusset.fr

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