Pascal Guilbaud, apôtre du Muscadet

« Cette année, il y a rarement plus de deux grappes par pied. » Sillonnant ses pieds de melon de bourgogne (le cépage du Muscadet – NDLR)  dominant Mouzillon, Pascal Guilbaud croise les doigts. Combien fera-t-on ? 30 – 35% d’une récolte normale ? A la tête de ses 60 ha de vignes réparties entre les villages de Vallet et de Mouzillon, ce viticulteur et dernier négociant indépendant du Muscadet peine à estimer l’ampleur du préjudice lié au gel d’avril 2021, quatre jours avant les vendanges. Sera-t-il pire que celui de 1991, millésime maudit dont le Muscadet ne s’est jamais vraiment remis ? On comprend que l’homme redoute les années qui se terminent en 1. 

Pascal Guilbaud ne renie pas l’image d’Épinal du muscadet cinglant le palais des ouvriers comme le fouet de Zorro. Petit, son grand-père maternel, ancien ouvrier dans un chantier naval nantais, lui racontait les chopines de blanc déjà disposées sur les tables des bistrots quand les ouvriers sortaient de l’usine. Souvent, même les chaises étaient gravées à leur nom. 

Pourtant, Pascal Guilbaud a passé sa vie à tenter de faire sortir le muscadet d’un carcan. Celui d’une image de vin d’huîtres et rien d’autre. Il s’en est presque fait un mantra répétant à tout va « il n’existe pas un muscadet mais plusieurs ». Il le démontre par une gamme variée jouant de ses parcelles, du travail dans les vignes, du recours ou non au palissage selon l’exposition de la parcelle et les besoins du foliaire, de l’enherbement et de l’élevage en foudre ou en cuve … Sélection parcellaire ou assemblage, à chaque fois le but est de rechercher un style privilégiant l’équilibre.

Au fil des 40 années passées à la tête de Guilbaud Frères, la maison de négoce fondée en 1927 par son grand-père paternel et son grand-oncle, Pascal Guilbaud est parvenu à passer le message auprès des restaurateurs fidèles.