Cairanne, qui l’eût cru, cru ?

Après huit ans de travail, c’est sans doute la dernière ligne droite pour Cairanne. Il pourrait cesser d’être un côtes-du-rhône-villages et devenir un cru des côtes du Rhône méridionales à l’égal de son voisin de Châteauneuf-du-Pape. Cette bonne nouvelle pourrait tomber lors d’un prochain comité national de l’INAO.

Contrairement à bien des vignobles, le millésime 2014 se distingue par un vin équilibré avec un joli fruit. Pour les rouges, il a fallu bien trier les grenaches (60% de la surface de l’appellation), qui sont plus vulnérables que d’autres quand on s’approche de la pleine maturité. Désormais, la plupart des vignerons de Cairanne privilégient la finesse sur la puissance. Et au final, leurs vins donnent l’impression d’être plus légers que ceux de leurs voisins.
Quant aux blancs, avec 5% de la production, ils demeurent encore confidentiels. Assemblage de grenache blanc, clairette, marsanne, bourboulenc et viognier, après quelques années d’élevage, ils offrent une sérieuse complexité mêlant des arômes d’agrumes confits et de fruits secs.

Pour rejoindre le peloton des crus méridionaux des côtes-du-rhône tels que gigondas, vacqueyras, rasteau et autres vinsobres, les vignerons de Cairanne ont placé haut la barre de leurs ambitions : tri obligatoire, interdiction de désherbants, seuil de sulfites jamais supérieur à celui du vin bio. Ils mettent aussi en avant une vendange manuelle obligatoire comme leur voisin de Châteauneuf-du-Pape. Cela n’a pas été le plus facile à faire accepter à partir du moment ou prés de 10% de la superficie était encore vendangée en machine. De même, la superficie revendiquée pour le futur cru s’est singulièrement rétrécie. Elle n’est plus que de 1089 ha contre 1250 ha en « villages » du fait d’une sélection des parcelles plus draconiennes. Mais comme l’explique une vigneronne : «Ce n’est pas un investissement sur cinq ans. Ici, on travaille un vignoble pour la génération suivante. »

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