La ruée vers l’œuf

Avec 220 œufs consommés par habitant en 2022, les Français demeurent de gros mangeurs d’œufs… même si on est encore très loin des 320 œufs ingurgités par chaque Mexicain … 

Cette fringale est évidemment l’effet de l’envolée des prix de l’alimentaire. A 25 centimes le prix moyen en grande surface, l’œuf -même si son prix a augmenté de 10% en moyenne- demeure la protéine animale la meilleure marché. Durant les deux premiers mois de 2023, le succès s’est amplifié puisque les achats des ménages ont augmenté de 5,9% selon le CNPO, l’Interprofession de l’œuf.

Avec 14,4 milliards d’œufs, la France a vu sa production chuter de 8% en 2022 – soit 1,2 milliard d’œufs en moins- et a perdu ainsi son leadership européen au profit de l’Allemagne et de l’Espagne. En cause, l’influenza aviaire, cette maudite grippe qui décime nos volailles et qui n’a pas épargné nos pondeuses. Près de 4,5 millions ont dû être abattues.  

Le ministère de l’Agriculture envisage une vaccination l’automne prochain de toutes les volailles et explique avoir consacré 80 millions d’euros pour des pré-commandes de vaccins. Deux questions importantes : Y-aura-t-il assez de « vétos » pour piquer les volatiles ? Le vaccin retenu sera-t-il  efficace contre une nouvelle « version » de l’influenza aviaire dont le spectre n’a pas fini de planer au-dessus des têtes des éleveurs.

Du mieux dans le bien-être animal de nos poulettes

La filière des poules pondeuses a su négocier de sacrés virages – avec le soutien de l’Etat- ces dernières années sur  le plan du bien-être animal. 77% des poules pondeuses françaises sont désormais en élevage dit alternatif ( à la cage..) soit en bio, en plein air, sur sol ou en Label Rouge. C’est beaucoup plus que le reste de l’Europe. Ainsi les poules élevées en cage ne représentent plus qu’un quart du total. Néanmoins, la profession s’oppose à une date butoir pour l’interdiction totale des cages … tout comme le débecquage – amputation partielle du bec – qui évite le piquage …

Reste que la France est avec l’Allemagne l’un des deux seuls pays du monde à avoir interdit l’élimination des poussins mâles. Jusqu’à l’année dernière, les mâles étaient généralement gazés ou broyés à la naissance. Cela représentait environ 45 millions de poussins en France. Une technologie permettant de reconnaître le sexe par prélèvement dans l’œuf à permis d’éviter cela. L’Interprofession demande une extension de cette interdiction à l’ensemble de l’Europe pour éviter les distorsions de concurrence. Une situation qui, dans l’agriculture, n’est pas propre seulement aux œufs.