L’abattoir mobile du Bœuf Ethique

Lors du Salon de l’Agriculture, l’entreprise Bœuf Ethique a cherché à sensibiliser la presse à la singularité de sa démarche.

Emilie Jeannin, éleveuse bio bourguignonne à la tête de l’exploitation familiale de Beurizot ( 21 – Côte d’Or ) a bâti son entreprise Bœuf Ethique autour d’un abattoir mobile inspiré d’un modèle suédois. Il est constitué de trois semi-remorques attelées et « dépliables » qui se déplacent chez l’éleveur.

Ce système est en service depuis la fin août. Huit bêtes sont abattues en moyenne par jour. Outre la partie abattoir, il y a également une partie sanitaire et vétérinaire et une partie « frigo » permettant de stocker les carcasses à 7°. L’abattoir mobile a nécessité un investissement de 1,5 million d’euros dont le financement a du être rendu plus facile par label Entreprise Innovante. Au total 11 emplois auraient été créés. 

Une quarantaine de fermes sont pour l’instant intégrées à la démarche pour des races telles que charolaise, simmental, ferrandaise ou aubrac… pour six à huit animaux en moyenne. 

Le Bœuf Ethique achète la bête à l’éleveur et la revend sur le net à des professionnels ou des particuliers. Quant aux bovins, leur alimentation ne doit comporter ni OGM, ni huile de palme, ni ensilage. De même, elles ne doivent pas avoir été traitées aux antibiotiques. «C’est un pacte que nous passons avec les éleveurs qu’on leur demande de respecter» explique Emilie Jeannin. 

L’éleveuse confie que l’idée de cet abattoir a germé chez elle à partir de l’émotion suscitée par les premières vidéos de de «L214» sur la maltraitance dans les abattoirs. Mais c’est la loi agriculture et alimentation (EGalim) de 2018, qui a autorisé les abattoirs mobiles autrefois interdits, qui l’a sans doute conduite à franchir le pas.

Emilie Jeannin décline les avantages de son équipement. «Le stress du passage par l’abattoir nuit à qualité de la viande au point de remettre en cause des mois de travail de l’éleveur. » La bête pénètre tranquillement dans le camion et ne voit pas le  « matador » sorte de tige perforante qui lui passe au-dessus de la tête pour l’étourdir.

L’éleveur accompagne sa bête jusqu’à la fin. «Au départ c’est un peu dérangeant pour lui mais il se réapproprie la mort de sa bête et finalement il en est fier. » assure Emilie Jeannin. Les carcasses sont refroidies sur place avant d’être envoyées dans un atelier de découpe qui expédiera les commandes. 

Avec la fermeture des abattoirs – un tiers en dix ans- et la concentration du secteur, les trajets ont tendance à s’allonger. «Durant ces parcours, les bêtes peuvent perdre jusqu’à 50 kg, c’est autant de gagné…» Emilie Jeannin met aussi en avant l’accroche pelvienne des carcasses. Plutôt que d’accrocher la carcasse par le jarret cette technique contribuerait à améliorer la tendreté des viandes en permettant à la carcasse de reprendre sa position naturelle. 

Côté débouchés, le Bœuf Ethique devrait être vendu dans le réseau BioCoop ainsi que de belles adresses de la restauration. A Paris, on le trouve dans le bistrot 750g du Chef Damien. Le Chef médiatique affirme « en passer » jusqu’à 400 kg par semaine… «Avec une telle viande, pas besoin de béarnaise…» 

www.leboeufethique.fr