Père Magloire XO 200 : Le Calvados du bicentenaire.

L’histoire aurait pu être simple. 5 mai 1821, Napoléon meurt à Sainte-Hélène et le père Magloire dans son auberge de Cagny, à la sortie de Caen, offre une tournée générale pour rendre hommage à l’Empereur.  Las ! la véritable histoire ne s’est pas déroulée ainsi …

Car ce n’est pas l’aubergiste Dominique Magloire qui a créé une marque à son nom. Mais la distillerie Bourcier qui en 1821 s’est appuyée sur la popularité du bonhomme dans le pays pour lancer son calva. Plus tard, le vrai père Magloire, pas fâché de cette célébrité, ne vendra plus que ce calvados portant son nom jusqu’à son décès en 1875*. Plus tard, la marque changera de mains, mais elle deviendra l’une des plus populaires soutenue par une gigantesque réclame et de « coups de pubs » spectaculaires à partir des années 1920.

Aujourd’hui, Père Magloire demeure leader sur le créneau calvados et exporte 50% de sa production. La marque appartient depuis 2007 au groupe Spirit France qui n’a pas manqué de marquer le coup du bicentenaire. D’où un flacon d’exception, le XO 200 charmeur aux notes de pommes fraîches et de noisettes grillées à l’étonnante longueur. C’est l’œuvre de Jean-Luc Fossey, ce maître de chai qui a 37 ans d’expérience dans l’élaboration du calvados dont 21 chez Magloire. Il a mis une décennie pour concevoir son XO 200. 

En savoir plus sur l’histoire du Père Magloire avec le site de Benoît Noël, historien des spiritueux

Interview de Jean-Luc Fossey, Maître de chai de Père Magloire

Qu’avez-vous recherché avec cette cuvée du bi-centenaire ? 

En 2010, je souhaitais me démarquer du profil classique du Père Magloire fait d’arômes fruités et compotés pour des notes plus boisées et de fruits secs type noisettes. A partir d’un achat de fûts en chênes français de cognac aux bousinages différents, j’ai élevé un lot d’eau-de-vie d’une seule distillation que j’avais trouvé intéressant. En 2014, on m’a proposé des coupes de chênes normands, c’était une première. Après trois ans de séchage, on a fabriqué nos barriques et on s’en est servi pour y placer entre 20 et 30% de la cuvée bicentenaire pour parfaire les arômes quelques mois avant de la réinjecter dans le lot entier. De même, on a ajouté une petite dose d’une très vieille eau-de-vie âgée de 50 ans.

Avec bientôt 40 ans de recul dans le métier, quel regard portez-vous sur l’évolution du Calvados ? 

Il y a eu une prise de conscience de la filière d’aller vers un produit élitiste. En trente ans, ce qui a vraiment progressé, c’est la qualité des récoltes et la maturité de fruits ainsi que leur sélection. Des pommes bien choisies ramassées au moment opportun avec une sélection drastique des fruits.

« Nous avons toujours défendu une distillation précoce »

Qu’est-ce qui distingue Père Magloire ? 

Alors que « l’ancienne école » préconisait la distillation d’un cidre ayant au moins 20 mois de maturation, nous avons toujours défendu la distillation précoce – c’est-à-dire en novembre pour des cidres fabriqués début octobre. Car la fraîcheur du cidre permet de conserver le maximum de potentiel aromatique. Comme il s’agit d’un produit 100% naturel, si on conserve trop longtemps le cidre, on prend le risque de déviance.

A ce sujet avez-vous vos propres vergers ? 

Nous travaillons avec une quarantaine de producteurs réguliers pour 200 espèces de pommes différentes, à la fois sur des pommes issues de vergers hautes-tiges et de vergers de basses-tiges. 

Comment appréhendez-vous l’avenir de la profession ? 

Le milieu rural change et le devenir de la profession me préoccupe. Dans les dix prochaines années, on va perdre 40% des petits producteurs de calvados – ils sont actuellement 350. Les jeunes ne veulent pas s’embêter avec un stock d’alcool pur de 40 hl dans les caves. Qaund les enfants reprennent c’est bien. Mais généralement ils ne sont pas intéressés. L’exploitation tombe  alors dans des groupements d’agriculteurs type Gaec. Ils n’ont pas le temps d’exploiter une cave cidricole pour vendre 400 bouteilles dans l’année. D’autant que les formalités déclaratives de douanes et les demandes mensuelles d’inventaires ont raison des meilleures volontés. Naturellement, les gens jettent l’éponge …

Et quid des pommiers ? 

Si on continue sur cette lancée, on va avoir de plus en plus de pommiers de basses-tiges. C’est plus facile à mécaniser avec un rendement supérieur et cela permet une valorisation plus importante. Mais l’image d’Epinal de la Normandie avec les pommiers et les vaches dessous risque d’être  mise à mal même si en Pays d’Auge, certains s’y accrochent comme les politiques d’ailleurs. C’est la morphologie des paysages qui va être impactée. 

https://www.calvados-experience.com

Prix de vente conseillé du XO 200 : 71 €

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