A peine les flonflons des fêtes de fin d’année se sont-ils estompés qu’il convient de se préoccuper des suites à donner, histoire de perfectionner l’entraînement des papilles. Etapes obligées : les galettes des rois…accompagnées de courtois flacons.
Ils sont là, imperturbables, souriants et débonnaires. Et même si l’on ne donne pas dans la bondieuserie ordinaire, on les aime ces légendaires Melchior, Gaspard et Balthazar qui, la tête en l’air et l’oeil fixé sur la Bonne Etoile, crapahutaient à la recherche d’un roi de l’amour et non du pouvoir. L’on oublie trop souvent de mentionner que ces « Justes », venus d’Arabie, pas plus mages et rois que vous et moi, refusèrent de cafter à Hérode la présence d’un nouveau né qui créchait dans une grotte perdue avec Marie et Joseph, ses parents, malheureux couple de S.D.F. C’est la tradition populaire qui couronna « rois » ces disciples de Zarathoustra.
Rois « de coeur et de justice » honorés chaque année à coup de galettes, et non avec l’or, la myrrhe ou l’encens, lors d’un rituel gourmand, pratiqué à partir du deuxième dimanche après Noël. Rituel obéissant à un code non écrit, né en Provence, et stipulant que celui, ou celle, qui va « tirer » la figurine (la fève) le sacrant « roi de la fête », devra mettre la main au gousset pour offrir la prochaine galette à l’assemblée. Cérémonie recherchée des fabophiles qui permet aux gourmands de supporter l’attente d’une autre fête : celle de la Saint Valentin, patron des amoureux. Pour accompagner ces gâteries présentes en Pays d’OC, en forme de « cora » couvertes de sucre granulé et/ou bourrées de fruits confits, gâteries qui prennent, en Oïl , l’aspect de pâte feuilletée fourrée de pâte d’amande, nous proposerons deux jolis blancs sans chichi, porteurs de délicatesses fruitées.
Grand Théâtre. Bordeaux moelleux 2018-

On ne présente plus la Cave coopérative UNIVITIS, sise aux Lèves aux environs immédiats de Sainte-Foy-la-Grande. Rigueur, respect des sols et des cépages constituent un credo jamais démenti. En développant la marque Bordeaux « Grand Théâtre », elle poursuit un double but : démontrer que quantité et qualité peuvent , au prix d’un travail attentif, être associés pour le meilleur, et qu’à condition de ne pas relâcher sa vigilance, des vins aux tarifs attractifs s’installeront sur ses comptoirs. Ce moelleux 2018 paré de brillant jaune paille en est l’indubitable preuve. Le cépage sémillon, ici majoritaire, délègue à l’ensemble de pimpantes suavités exotiques. Quelques touches de sauvignon viennent structurer un ensemble de belle appétence, peu alcoolisé(11%), très éloigné ,ô combien ! de ces composés sucraillés qui nuisent, hélas ! à la bonne réputation des vins de dessert. Le nez, exotique (ananas, mangue), annonce une bouche suave, équilibrée par de fraîches notes discrètement miellées. Du plaisir, rien que du plaisir.
Prix départ cave : moins de 4 € – https://boutique.univitis.fr
Chant d ‘Ardoise-I.G.P. Pays de Brive-Blanc « Demi-sec » 2019

Quelques années avant la fin du XXème siècle, Michel Breuil et une poignée de vignerons-paysans entreprirent de ressusciter, aux portes de la Vallée Vézère, un vignoble dont les sols reposent sur les schistes verticaux d’une faille ardoisière. Ses pentes et terrasses orientées au sud-ouest, jouissent d’un climat doux et tempéré bénéficiant de surcroît, des amabilités régulatrices du foehn. Féru d’histoire, Michel Breuil savait qu’au Moyen Age, les vins issus de ces terroirs régalaient les sommités ecclésiastiques du Limousin. Et ce qui pouvait passer pour une aventure devait aboutir, en 2003, à l’implantation d’une cave coopérative qui s’installa à une portée de flèche du Saillant, petit village pittoresque qui abrite, entre autres curiosités, des peinture de Chagall dans sa minuscule église. Sous l’impulsion de Michel Breuil, la cave qui bénéficia des conseils éclairés du regretté Jacques Puisais, put proposer des rouges, gris et blancs de bonne tenue.
En 2013, Michel Breuil quitte la cave et un an plus tard, crée avec Hélène Pommepuy et Céline Vergne, une E.A.R.L. le Couvent de la Providence. Une marque voit le jour en 2015 : Chant d’Ardoise, en Vins de Pays rouge, gris et blanc. 10 à 15 000 bouteilles qui se vendront sur les marchés, les commerces de proximité et les restaurants. Des vins de terroir qui brisent les codes classiques pour donner parole essentielle aux cépages cabernet-franc et chenin, ce dernier connu naguère en Corrèze sous le nom de Rougelin. A l’instar des chenins d’Anjou, il s’épanouit avec bonheur sur les terres schisteuses et se montre capable de s’affirmer en blanc sec, demi-sec, moelleux et liquoreux.
Chant d’Ardoise « demi-sec » 2019 est un vrai « sec-tendre » qui illumine le verre d’un pâle doré nuancé d’éclairs argentés. Beau prélude à une olfaction éveilleuse de sens avec ses notes d’acacia, de coing, et ses discrètes fragrances de poire passe-crassane et litchi. Flacon aguicheur, avec un côté friandise et un léger soupçon de miel. La finale, persistante, est dotée d’une rafraîchissante pointe minérale. Un vin qui doit plaire aux gourmands qui affectionnent les feuilletés emprisonnant de la pâte d’amande.
Prix : 7,50 €
Pour se fournir, appel aux 06 84 78 93 80 et au 06 48 39 11 24