« The Chef », thriller des fourneaux.

Ce n’est pas un hasard si “The Chef » fait son chemin dans les salles obscures. Sans doute parce qu’il montre une autre « réalité » que l’ambiance gentiment complice de fourneaux télévisuels ponctués avec entrain de « oui chef » et de « on ne lâche rien ». Cette plongée qui semble filmer sans coupe d’une caméra qui colle aux basques du Chef frénétiquement incarné par Stephen Graham dans le service d’un restaurant tendance londonien à la veille de Noël serre les tripes. 

C’est un menu impérial en termes de fléaux de la restauration qui est servi. Un seul d’entre eux a de quoi transformer un service en cauchemar. Et là, les catastrophes s’enchainent. En guise de hors d’œuvre, un contrôle d’hygiène qui se termine par une sale note puis c’est le turbot -décidément maudit depuis le suicide de Vatel- qui manque, c’est aussi le plongeur -et fumeur de pétard- en retard d’une heure. Il y a également la critique gastronomique fameuse qui déboule sans crier gare sournoisemet amené par un « ami chef » célèbre pour ses émissions…

Ne parlons pas de l’allergie -sévère- d’une cliente aux noix… Sans oublier trois « influenceurs » qui font comprendre à la directrice qu’ils préfèrent avoir un steak frites plutôt qu’un menu, si elle veut ses like sur Instagram …Bref, une tension en crescendo à la fois dans l’équipe comme dans la tête du chef dont la gourde ne contient pas que de l’eau et qui se poudre le nez… Son sourire, tendu comme une corde de violon, se fait rictus quand il passe en salle pour tenter de faire bonne figure. Rien de plus efficace que ce film pour prendre conscience à quel point ce monde des restaurants peut être cruel pour ses serviteurs. Et qu’il réclame des nerfs d’acier. Un comédien, un comique peut faire la tronche après être descendu des planches et empoché son cachet. C’est interdit au chef un peu médiatique, condamné au sourire permanent par les réseaux sociaux … N’espérez pas de happy end. 

 
Film britannique de Philip Barantini. Avec Stephen Graham, Vinette Robinson, Ray Panthaki, Jason Flemyng (1 h 34).