La Coupole : où est passé l’esprit brasserie ?

96 ans qu’elle s’étire en lumière sur le boulevard Montparnasse.  Certes, à près d’un siècle de distance, l’auguste dame a quelque peu perdu le grain de folie de ses premières années, celle de Kiki et des Montparnos, ces artistes bohèmes de Montparnasse. Il faut bien avouer que La Coupole a connu des hauts et… des bas comme ceux des dames d’âge mûr se frottant aux pantalons des gigolos du dancing sous-terrain il y a quelques années. Par chance, le swing y opère désormais un retour…

Comme une Diva passée entre plusieurs bras, la Coupole est passée entre plusieurs mains. Ses derniers propriétaires, cadors de la restauration parisienne, tels que l’Alsacien Bucher et son groupe Flo auquel a succédé le groupe d’Olivier Bertrand en 2018, n’ont pas démérité à lui garder son lustre et son cachet à commencer par ses pilastres peints et sa terrasse ouverte.

Bref, bel endroit pour se restaurer. D’autant que son « Menu Boulevard » (19,50 € ) s’avère compétitif. Mais doit-on résister aux flaveurs du curry d’agneau (27,50€), plat historique de la maison, ce curry indien aussi fondant que profond ? Hommage au terroir francilien, le chou de Pontoise farci avec des bouts de saucisse de Morteau s’avère copieux et étonnant. La choucroute strasbourgeoise (23,50€) copieuse est un peu plus banale. Pour le reste, la carte aligne le grand répertoire des grandes brasseries : des huîtres Cadoret, à l’andouillette 5A  en passant par la belle sole meunière (48,50 €). 

L’ample carte de vins qui déroule bien des références -parfois lourdement tarifées…- a de quoi satisfaire bien des envies. Au verre, le pinot blanc de Gustave Lorentz répond par exemple en rouge un crozes-hermitage de Jean Esprit ou un brouilly du Château des Ravatys. 

Tant il est vrai qu’un un soupçon d’ivresse beaujolaise ou rhodanienne ne semblera pas superflu pour compenser une ambiance parfois neurasthénique.  Est-ce le fait d’appartenir à un grand groupe qui donne à son personnel cette impression « d’aquabonisme ». Où sont le rythme, le ballet des serveurs et le son des grandes brasseries d’antan immortalisé par le « Garçon ! » d’Yves Montand. Définitivement remisé au fond du tiroir des nostalgies parisiennes ? 

La Coupole
102 bd du Montparnasse
75014 Paris