A Laubade, on défend le fait-maison. A commencer par l’alambic armagnacais* fabriqué sur-mesure en 1974 quand Maurice Lesgourgues, le grand-père de l’actuel dirigeant Arnaud, a repris ce domaine créé en 1870. Jean-Jacques, son fils, a replanté 60 ha du vignoble et fait connaître ces Bas-Armagnac à travers le monde, au travers d’un réseau de cavistes et de restaurants haut-de-gamme répartis dans 70 pays.
L’homme est un paradoxe vivant. Il fut influencé autant par le consultant McKinsey à qui il avait demandé une étude sur l’avenir du domaine que par les préceptes posés, par son prof de Fac, René Dumont, premier candidat écologiste à la présidentielle en 1974. C’est de lui qu’il tient son aversion pour les herbicides jamais utilisés à Laubade depuis 30 ans ou encore l’idée de construire dès 1978, une station météo reliée avec la Météo Nationale permettant d’anticiper au mieux les traitements phytosanitaires.
(Arnaud et Jean-Jacques Lesgourgues devant leur Alambic)
Dans cette maison dédiée à l’excellence, on comprend donc que le choix du bois de barriques soit fondamental. Surtout quand on consomme 70 barriques par an. «Pas d’armagnac sans chêne de Gascogne ! » C’est le slogan des Lesgourgues. Chaque année ils font venir deux troncs de chêne de la forêt proche de Monlezun. Les douelles sèchent dans la cour du domaine. Et un tonnelier fabrique des barriques uniquement dédiées à Laubade.
Le boisage réclame doigté et expérience. Les eaux-de vie sont élevées deux ans en bois neuf avant d’être transvasées dans des fûts usagés.
Au Château de Laubade les lots sont conservés par millésimes et par cépages et assemblés en fin de course. Au total, 3000 barriques se répartissent dans les sept chais de vieillissement. Ce qui fait un sérieux nombre de combinaisons d’assemblages possibles avant les mises en bouteilles selon le type de Bas-Armagnac souhaité : XO, Blanche Armagnac, Brut de fût etc… En tout état de cause, à Laubade aucune eau-de-vie n’est mise en bouteille sans avoir passé au moins six ans en fût par exemple dans le cas du V.S.O.P… Quant aux millésimes, le tarif est de 15 ans de vieillissement minimum en fûts de chêne de Gascogne. Seuls les anges parviennent à s’affranchir de cette règle en prélevant chaque année une part de 2,5% de volume. Ce que les rationalistes qualifient d’évaporation…
Bref, ici on ne craint pas le temps qui passe. Ni les hypothèses pessimistes sur les dérèglements climatiques et le changement de la végétation. Ainsi les Lesgourgues ont planté 15 ha de chêne en bordure du vignoble. Un cadeau pour leurs descendants qui en profiteront dans 250 ans.
Si la maison ne craint pas l’avenir c’est aussi parce qu’elle peut s’appuyer sur quelques millésimes qui ne datent pas d’hier. Le plus ancien remonte en 1888 qaund le Général Boulanger menaçait d’emporter la République. Il est stocké au « Paradis» avec ses « confrères », tous nés avant 1930. C’est une sorte de crypte nichée au cœur du chai de vinification accessible par un petit escalier au fond d’un étroit couloir. Ici reposent dans de massives dames-jeannes des liquides aux teintes mauves, cerises, rouges orangées que n’auraient pas renié Van Gogh découvrant le soleil d’Arles. Mais peu d’élus dégusteront les saveurs du Paradis.
LB
Bon à savoir : Un lot de 20 millésimes de Laubade pour les restaurateurs.
Pourquoi ne pas faire déguster l’Armagnac de son année naissance au bistrot ? Le Château de Laubade propose aux restaurateur un lot de 20 millésimes en bouteilles de 25 cl allant de 1965 à 1985. En fin de repas, sur une table, le coffret fera son effet. Surtout lors des repas d’anniversaire. Seule lacune, allez savoir pourquoi, 1969 est en rupture de stock… Sans doute un effet de l’année érotique si chère à Serge Gainsbourg ?
Prix HT : 502,10 €
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Sacher consommer et et apprécier avec modération.