Avec « Mixology », Armagnac Darroze s’attaque aux cocktails

C’est un indice de plus de l’engouement croissant pour les cocktails. La maison Darroze connue pour ses armagnacs traditionnels lance la gamme Mixology : soit un Armagnac VS* et une Blanche Armagnac. Les flacons de ces deux spiritueux, purs et sans apprêts, sont en papier recyclé et griffés de la signature Darroze. Façon de frapper la rétine dans les bars. 

Entretien avec Marc Darroze, pdg de la maison Armagnac Darroze. 

Quelle est la raison d’être de cette Mixology ? 

Les bartenders recherchent des produits différents des vodkas et autres tequilas. Nous avons créé un armagnac jeune sur la fraîcheur et le fruité, sans caramel, sans sucre, sans bois neuf. Jérémy Lauilhé, (MOF 2023-classe Barman – NDLR) avec qui nous avons travaillé m’a convaincu de sortir également une AOC Blanche d’Armagnac car dans le monde de la mixologie, 90% de ce qu’on utilise est un alcool blanc. Avec cette offre, nous espérons nous singulariser d’autres eaux-de-vie tel le «Pisco». J’ai pris le risque d’un emballage atypique en papier recyclé pour nous singulariser davantage. 

La mixologie dépassera-t-elle un jour la consommation traditionnelle des spiritueux ? 

C’est le cas à Cognac où l’explosion des ventes de ces quinze dernières années est liée à sa consommation en « long drinks ». Pour l’Armagnac, le mouvement est nouveau qu’en France où la mixologie se réveille et s’intéresse désormais à des alcools plus traditionnels et artisanaux au lieu des premiers prix industriels.

Quand on voit la brutalité du retournement de tendances aux USA pour le cognac, cette dépendance à la mixologie peut être dangereuse ? 

Les difficultés rencontrées aux USA ont des effets ravageurs sur l’ensemble de la filière. Mais j’ai l’impression qu’à Cognac, quand Hennessy tousse, que c’est toute la filière qui s’enrhume. Mixology ne va pas devenir le projet n°1 de la maison Darroze sachant que nous avons une trentaine de propriétés avec toute une série d’armagnacs millésimés, non réduits, bruts de fûts…

Armagnac et Cognac sont deux mondes différents. Chez le premier, il y a un dynamisme qui provient de grandes marques dont les 4 premières représentent 95% du marché. L’Armagnac, lui, est un marché de niche, d’artisans qui font aussi de la viticulture en côtes de Gascogne et parfois de la polyculture.

Au plan économique, quelle est la situation de la filière armagnac ? 

Après le Covid, on a vraiment senti une embellie. Depuis un an, c’est plus difficile. La Russie était un marché important et pour la Chine, on ne connaît pas encore le détail (des droits de douanes qui pourraient être décidés- NDLR). Comme toutes les filières à l’export, on subit une situation géopolitique. On caresse l’espoir que la folie des hommes se calme mais sur le coup, je suis un peu pessimiste … Nous ne sommes pas dans la situation de cognac qui fait 98% à l’export. Selon les années, l’export chez nous représente de 50 à 60% de nos ventes.

Quid du marché traditionnel et du CHR ?

L’armagnac a toujours eu une très bonne image dans la restauration qui demeure le cœur de clientèle de la Maison Darroze. Cette clientèle nous a permis de gagner en reconnaissance et de devenir un leader qualitatif. Le CHR est toujours un marché dynamique. Même si j’essaye de sensibiliser nos clients professionnels sur le prix de revente car d’expérience, je sais que lorsqu’on baisse un peu ses prix, on vend plus.

darroze-armagnacs.com

*Armagnac VS désigne un armagnac jeune élaboré avec un assemblage d’eaux-de-vie dont la plus jeune a au moins 1 an d’élevage sous bois.