Pierre Carbonnier nous a quittés

Bacchus a été rejoint par un jeune fidèle affichant près de 90 millésimes. Pierre Carbonnier est décédé à Brive le 5 mars. On n’entendra plus sa voix de rocaille amplifiée par un coffre puissant comme un pack briviste. On ne lira plus ses lignes tracées d’une plume alerte et vibrante de ses coups de cœur dans les vignobles. 

Sa langue n’était pas celle -migraineuse- des influenceurs de la « food » mais celle de Villon. Il l’avait polie durant des années d’enseignement du français… D’abord comme instituteur puis comme prof de lettres au lycée de Saint-Quentin dans l’Aisne et finalement à Limoges où il avait finit comme prof de lettes pour les étudiants étrangers à la Fac. 

Ce « fondu de la grappe » était issu d’une de ces familles de paysans corréziens où l’on cultivait quelques rangées de ceps destinées au vin quotidien et au « chabrol » versé dans l’assiette pour finir sa soupe. La retraite venue, « Piero » avait effectué des stages d’œnologie pour approfondir sa passion. Il avait ensuite tenu la rubrique « Le Vagabond des Vignobles »  pour le quotidien communiste, l’Echo du Centre, pour lequel il parcourait les régions à la recherche de pépites accessibles. Ensuite, bien que laïcard, ce pur produit d’une Corrèze radicale, avait animé l’émission « la Vrille de la vigne » pour la radio RCF Limoges. Avant de devenir un des dégustateurs émérites du Guide Hachette des vins.

Au fil des années ce « vagabond de la barricaille» avait noué des réseaux et s’était fait des amis fidèles comme Jean-François Janoueix, grand viticulteur de Saint-Emilion, incarnation d’une de ces dynasties corréziennes ayant fait fortune dans les vignes bordelaises. 

Mais Pierre Carbonnier aimait tous les vignobles et ne dédaignait aucune cuvée pourvu qu’elle lui charme le palais. Tant mieux si elle avait un supplément d’âme et que la grande histoire y fasse un détour comme le Général de Gaulle et son champagne Drappier. Mais il avait toutefois un tendresse marquée pour le pécharmant, souvenir des quelques années d’enfance heureuse passées dans le bergeracois. Récemment il s’était fait l’avocat de la renaissance  des Coteaux de la Vézère. Pour une fois, le « Piero » en bon corrézien, aura fait preuve d’un chauvinisme bachique. 

Pierre Carbonnier sera enterré au cimetière Thiers de Brive mardi 11 mars.