Parmi les acteurs de la « Révolution languedocienne » qui a vu la production de la première région viticole de France monter spectaculairement en qualité depuis le milieu des années 1980, le Cabardès, contrée discrète du Pays cathare, mérite une attention particulière pour son originalité.
Sur les pentes méridionales de la Montagne noire, ce petit vignoble de 550 hectares qui compte moins d’une trentaine d’exploitations, bénéficie d’une situation climatique exceptionnelle, au carrefour des influences méditerranéenne et atlantique. Ceci explique que l’appellation Cabardès emploie des cépages atlantiques (cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot) assemblés à des raisins méditerranéens (syrah, grenache) que complètent des variétés descendues du Causse (malbec et fer servadou).
Bénéficiant d’étés chauds tempérés par les effets apaisants du cers, un vent froid descendu de l’Ouest, le vignoble du pays des seigneurs de Cabaret qui lui donnèrent son nom existe depuis l’époque romaine. La vigne y a subi de nombreuses vicissitudes – croisade contre les Albigeois, Guerre de Cent ans, phylloxéra, crise et mévente endémique dans la première moitié du vingtième siècle, avant que le Cabardès, devenu AOVDQS dans les années 1950, ne soit consacré en 1999 par une AOC dévolue pour l’essentiel aux rouges pour environ 10 % de vins rosés. En vertu d’un strict cahier des charges qui impose une densité de plantation de 4000 pieds à l’hectare et des rendements limités, les vins du Cabardès, comme dans beaucoup d’appellations ont été tirés vers le haut par quelques domaines pionniers comme le château de Pénautier, propriété de la famille Lorgeril.

Situé à proximité d’un somptueux château classique propriété de la même famille depuis le XVIIème siècle, le vignoble des Lorgeril s’illustre en Cabardès avec « l’Esprit de Pénautier » qui, dans le millésime 2010 dégusté à l’occasion de l’opération « Millésimes en Languedoc » se révèle d’une belle élégance que révèle la structure classique du cabernet soutenue par les épices de la syrah. Le tout bien élevé au cours d’un passage en barrique de plus d’un an. Dans un esprit plus simple, mais très plaisant pour sa fraîcheur fruitée et présentant un attrayant rapport qualité-prix pour la restauration, nous avons retenu la cuvée « Côté Ouest » 2010 du Château Rayssac, qui, comme on le devine contient une majorité de cépages atlantiques. Nous avons également apprécié la version 2011 du château Latour de Rissac, un domaine qui travaille en agriculture biologique certifiée. Ce vin constitue un exemple d’équilibre avec une belle structure exprimant la fougue d’un tempérament méditerranéen, joliment paré des teintes chatoyantes du cabernet et du merlot mariées à des teintes couleur de chêne.
Sélection
Vignobles Lorgeril : www.lorgeril.com
Domaine de Rayssac : www.chateau-rayssac.fr/
Château Latour de Rissac : www.domaine-lalande.com
Une cuvée
Mas Ventenac : www.vignoblesalainmaurel.fr