Paris a fait bon accueil au Beaujolais primeur 2023

Rungis a grillé la politesse à Paris pour le beaujolais nouveau. Les membres de l’Union des Professionnels du Secteur Gastronomie (UPSG) de Rungis avaient convié 150 clients et partenaires à déguster le primeur le 15 novembre au soir quelques minutes avant minuit. Maillet en main, Stéphane Layani, le patron de la Semmaris – l’aménageur du Marché de Rungis- s’est chargé de percer un tonneau rempli d’un jus produit au Domaine de Belleverne.

Las, seules quelques gouttes sont sorties et les Compagnons du Beaujolais ont dû retirer le bouchon du haut pour laisser le robinet couler. Le symbole qu’il faut donner de l’air pour libérer les énergies …

En ouvrant le bal en beauté, Rungis a donné le tempo de ce 3^ème jeudi de novembre 2023 aussi désastreux au plan météo que savoureux en matière de beaujolais nouveau. Un beau jus de gamay à la chair sensuelle et gourmande d’un fruit rouge mûr à souhait. 

Le bilan de la campagne en terme de volumes devrait être voisin de 2022 explique-t-on sur place. Bien des producteurs ont même manqué de vin comme à la fête des Sarmentelles de Beaujeu.  «Les négociants ont cherché à jouer la montre mais on a tenu les prix.» explique Vincent Audras, producteur viticulteur à Julienas. Il n’empêche, sur les linéaires le grand écart demeure avec des prix allant du simple au double, de 4 à 8€.

Cet accueil du beaujolais primeur 2023 aura démenti -ne serait-ce qu’une journée !- les sombres pronostiques sur l’inexorable déclin du vin face aux bières et autres « premix ». Il faut dire que bien des bistrots se sont montrés raisonnables, même si on a pu voir des bouteilles à 29€ comme au Pied de Cochon— soit un coefficient proche de 6… « Le beaujolais nouveau est un symbole du plaisir de vivre, s’il y a une journée où il faut jouer le jeu c’est bien celle-là. » plaide Vincent Audras.

« Sans oublier qu’avec les Bib encore moins chers, on peut être rentable même à 15€ la bouteille» ajoutait un patron de bistrot du 14^e. «Il est absurde de facturer un beaujolais nouveau à 30€ qui est un vrai vin de partage. Cela oblige le client à réfléchir comme s’il commandait un vin cher…maintenant s’il y a une mise en scène…» confiait pour sa part Adrien Dubœuf-Lacombe, dont la maison fait travailler 400 vignerons. Pas question pour lui de créer de la confusion chez le consommateur en jouant l’amalgame entre primeurs et autres vins du beaujolais. Si l’on commence à dépasser les 30€  pour les primeurs combien paiera-t-on alors pour les crus ?