Truffes : plantez et replantez des chênes…

Avec une chute de 70 % de la récolte de truffes noires tuber melanosporum, la trufficulture française n’a pas été à la fête en 2023… «Cette année, on revient vers une production de 50 tonnes » a expliqué Alain Ambialet, président de la Fédération des Trufficulteurs lors du dernier Salon de l’Agriculture.

La France doit importer l’équivalent de la moitié de sa consommation. Soit une cinquantaine de tonnes, principalement originaires d’Espagne. Et comme la sécheresse a également frappé la péninsule hispanique l’année dernière, les prix du « diamant noir » ne devraient pas chuter ces prochains mois. 

Aujourd’hui, l’heure est à la dynamisation de la filière avec le soutien de FranceAgriMer. Même si l’on voit nombre d’agriculteurs – notamment céréaliers- planter des chênes, -chênes verts ou pubescents- il s’agit également de tenter de professionnaliser les démarches des très nombreux trufficulteurs qui sont des particuliers. 

L’argument de la valorisation a de quoi convaincre. Certes, il faut compter 7 ans pour qu’un chêne mycorhisé produise. Avec une densité maximum de 300 arbres à l’hectare.  Quant aux rendements, ils peuvent varier de 500 g à 50 kg par hectare et les prix, selon les années, de 300 à 1500 €/kg. Fourchettes larges mais prometteuses. «A condition toutefois d’y consacrer au moins deux heures par jour tant pour l’arrosage que pour le cavage, c’est-à-dire la récolte avec le chien » – comme en témoigne Sophie Bediou, trufficultrice dans le Berry.

Le développement de la trufficulture a une autre vertu insiste-t-on chez FranceAgriMer : celle d’agir sur la biodiversité du sol. Non seulement aucun intrant phytosanitaire n’est nécessaire mais surtout la croissance d’un chêne truffier génère une explosion de la vie microbienne du sous-sol. 

Même si ces efforts portent leurs fruits à l’avenir, le retour à l’âge d’or du « diamant noir» français n’est sans doute pas pour demain. A la fin XIXe siècle, il se consommait en France 1000 tonnes de truffes par an et les cuisiniers en glissaient partout. Les causes de cette explosion truffière ? Les plans de plantations d’arbres mis en œuvre sous Napoléon III mais aussi le phylloxera qui décima des milliers d’hectares de vignes souvent remplacées par des chênes. 

On rappellera qu’à côté de la noble truffe noire dite du Périgord, d’autres régions jouent aussi leur carte notamment en Haute-Marne avec la truffe de Bourgogne. Même si évidemment le graal demeure la truffe italienne, la « blanche » d’Alba, au prix astronomique évoluant autour des 3000 € le kg. Des plantations expérimentales en Nouvelle Aquitaine semblent donner des résultats prometteurs. De là à parler d’un grand remplacement des noires par les blanches…