Tapi à l’ombre d’un tablier du pont du RER B, au milieu d’une rue tranquille du 14e, le Vaudésir intrigue. Son nom est un hommage à l’un des huit grands crus de chablis. Pousser sa porte est la garantie d’une bonne pioche. Bistrot de Pantruche dans sa pureté originelle. Voilà sans doute pourquoi l’Académie Rabelais l’a choisi pour recevoir la Coupe du Meilleur Pot 2017.
Vrai bijou d’authenticité que ce bistro années trente baignant dans son jus, avec moulures jaunies par les ans et comptoir d’étain. Le patron est à l’avenant. Christophe Hantz a de qui tenir. Dans ses veines coule du sang cantalou et alsacien. Son grand-père était juge de paix à Saint-Flour. Mais il n’a pas passé sa vie entière derrière son comptoir. Il fut juriste en droit international durant de longues années. Ce n’est qu’en 2000 qu’il a assouvit ce vrai désir de tenir ce Vaudésir. Depuis, il pratique son métier comme un exercice de style : celui de retrouver la pureté originelle du bistro parisien.
Demandez le programme ! Des entrées à partir de 3 € comme le potage maison ou le museau vinaigrette ou l’œuf mayo. Et un seul plat du jour à 8,20 € roboratif et bistrotier, comme le bœuf en daube ou le curry d’agneau semoule mitonné par Michèle, qui déteste la chanson éponyme des Beatles mais qui n’en impulse pas moins sa part d’âme à ce petit troquet de quartier. Et tout est fait-maison. A ce prix-là, tout doit partir. «C’est la condition pour s’en sortir.» Vu le succès de l’endroit auprès des clients du quartier, la rupture de stocks en plats du jour est quasiment assurée chaque midi. En revanche, n’espérez pas d’entrecôtes grillées, ni de frites car pas de hotte. Exception faite du jour du Beaujolais Nouveau où l’entrecôte est de rigueur. Côté liquides, une sélection minimaliste de vins de vignerons, six rouges et trois blancs qui évoluent avec les saisons. La bouteille de passetoutgrain gouleyant à 12€ délie les langues. Idem pour le prix de l’aligoté. Mais si on préfère rendre hommage aux origines du patron, on pourra lui préférer un sylvaner ou un edelzwicker (18€)

Quand le service du midi est terminé, le Vaudésir ne s’éteint pas. Il redevient ce havre pour tous les habitués du quartier. Pour les accrocs du gorgeon de 15 heures, ou les tapeurs de belote. Et là, les parties peuvent se prolonger jusqu’à 2 heures du matin. Car le patron est un fana au point d’organiser des concours de belote où l’on peut gagner des jambons de pays…du Cantal. Dernier attrait du Vaudésir, chaque semaine, près de 70 personnes viennent retirer leurs paniers bio car le bistro est aussi un dépôt bio. Ça rentre, ça sort, ainsi va la vie du Vaudésir…
Bon à savoir
A l’arrière, le Vaudésir offre une des terrasses des plus charmantes. Quand les beaux jours sont là, le patron y organise même des concours de belote, le samedi. On vient avec sa viande qu’on fait cuire au barbecue. Le vin en revanche est à commander au bistro. Tant mieux, il est fruité et gouleyant.
Le Vaudésir – 41, rue Dareau – 75014 Paris
Tél. 01 43 22 03 93
Métro : Mouton Duvernet
plat du jour unique : 8,20 € , St Pourçain 10,5 €(75cl)
Fermé le lundi après midi et le dimanche.
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