Le Bouillon du Champ de Mars

En ces temps de pouvoir d’achat limité et de fins de mois ric-rac, le retour des bouillons, -ces restaurants de cuisine ménagère et bon marché inventés à la fin du XIXe siècle et relancés il y a 15 ans avec la reprise de Chartier par la famille Joulie-, continue de prendre de l’ampleur. Dernier exemple, l’apparition d’un « Bouillon du Champ de Mars »  avenue de Suffren, dans ce beau quartier touristique de la capitale tout proche de la Tour Eiffel. Il semble que ce soit un investisseur d’origine chinoise, déjà très présent dans la restauration parisienne et visiblement inspiré par le succès de la formule, qui ait donc, à son tour, plongé dans le bouillon. 

La cordelette rouge destinée à encadrer la queue sur le trottoir s’avère pour l’instant superflue. Ce bouillon est encore très loin d’avoir atteint son potentiel de plus de 480 places… Et en attendant un raz-de-marée de touristes, ce sont plutôt les riverains, à commencer par les officiers de l’Ecole Militaire toute proche, qui en ont fait leur cantine. Cela permet au personnel parfois un peu inexpérimenté mais de bonne humeur de se roder et de monter en régime.

Préférez la salle lumineuse qui donne sur l’avenue à la seconde salle gigantesque qui s’enfonce dans un rez-de-chaussée plutôt blafard. Banquettes rouges, luminaires boules, piliers lumineux, reproductions de gravures du Paris de la Belle Époque, tous ces éléments de décor ne font pas l’âme d’un lieu. Et la tuyauterie au plafond – même camouflée –  peine à gommer le souvenir du Saint-Maclou d’autrefois.

La carte « bouillonne » avec ses prix. A  commencer par l’œuf mayo (1,90€) ou les crevettes « mayo bacon crispy » (5,90€), si le  poireau vinaigrette miso (3,50€) pourra sembler fadasse, le petit bout de bavette de la pièce de bœuf (12,90€) a le goût d’une honnête viande et si ses frites au premier abord ont un côté ternes, elles se rattrapent en bouche même si elles sont plus moelleuses que croustillantes.

La saucisse du Perche parsemée de grains de moutarde -décidément très en vogue aujourd’hui- blottie dans sa purée aux olives (9,50€) fait aussi l’affaire. Si les « sourceurs » ne manqueront pas de s’interroger sur l’origine de l’épaule d’agneau confite (64,90€) pour 6 personnes, les grippe-sous amateurs d’ovins auront vite fait de choisir.

Quant aux vins, le Château de Montfrin-Latour en IGP Coteaux du Pont du Gard s’avère un lubrifiant de bonne humeur par son fruit et son croquant. Et surtout son prix à 13,20€ le litre. Si on est plus exigeant et que l’on préfère les blancs, le sauvignon Bio « Plein la vue » de Jeff Carrel (32€) vous tendra davantage les papilles tout en tendresse.. 

Reste la question – à 1000 yuans ? – quand seront occupées les 486 places de ce Bouillon du Champs de Mars, dieu de la Guerre, le fracas de la bataille des mandibules et des fourchettes  ne fera-t-il pas reculer même les affamés les plus vaillants ? 

Bouillon du Champs de Mars,

70 bis Av. de Suffren, 75015 Paris

Ouvert 7jours/7