L’Âme de Saint-Martin 2021, rosé de Provence

Si Baudelaire circule plus ou moins dans la mémoire d’anciens potaches, ceux qui devinrent amoureux de Bacchus, et de ses pompes et de ses oeuvres, révèrent surtout l’auteur des Fleurs du Mal pour avoir eu l’audace d’écrire que « l’âme du vin, chantait dans les bouteilles ».

Au château de Saint-Martin, havre bachique provençal, niché non loin de l’abbaye du Thoronet, on aurait peut-être pu, tout en causant égrappages ou remontages, évoquer une autre âme religieusement immortalisée: celle de cet officier de l’armée romaine qui cisailla son manteau pour en refiler la moitié à un S.D.F. Et pourquoi pas aussi l’âme de son âne ? Un âne gourmand qui se gavait des bourgeons et des jeunes rameaux de vigne, un âne qui, en la circonstance, fit découvrir aux vignerons les bienfaits de la taille. Anecdotes qui, convenez-en, contribuèrent à renforcer l’aura de ce militaire partageux. Eh bien , non ! Au coeur de ce Saint-Martin provençal, une âme, inattendue peut-être, a le don de capter les sens du moindre visiteur. C’est celle des lieux. Des lieux fleurant bon la Provence. Des lieux apaisants, séducteurs accomplis, qui flirtent avec cette baudelairienne « âme du vin ». Et tant pis pour l’âme du militaire. Ou pour celle de son âne.

De l’audace à revendre

A l’instar des vignerons champenois qui, grâce à l’ajout savant de vins de réserve, créent un authentique un style maison, les vigneronnantes têtes pensantes de Saint-Martin eurent l’idée de concocter un rosé intemporel : l’Âme de Saint-Martin. Défi audacieux inscrit dans la volonté de créer, quel que soit le millésime, un rosé de Provence « qui  s’attache à notre âme et la force d’aimer ». Acte à première vue, aussi imprévisible que Saint-Martin tailladant son manteau…Tout se tient, c’est bien connu…Pour réussir, il fallut oser corriger, policer, amender, régénérer, en somme « alchimiser » -pardon pour le néologisme ! – le trio syrah, grenache, cinsault avec des cépages de caractère. S’imposèrent alors les carignan et tibouren. Les proportions ? –Chut ! Secret de la confession…
L’Âme de Saint-Martin qui se pare d’une vesture légère, brillante, striée d’éclairs saumonés, s’ouvre au premier nez sur des fragrances virevoltantes où l’on reconnaît les petits fruits rouges frais et les pétales de rose. L’aération révèle une complexité toute provençale : écorce de mandarine, badiane, coriandre. Fine et raffinée , la bouche recouvre les papilles d’un charnu expansif stimulé de notes de romarin. Rosé de gastronomie que nous n’hésiterions pas à marier avec des tranches de gigot braisées.

Prix départ cave : 14,90 € –

www.chateaudesaintmartin.com/fr/

Où le boire à Paris ?

Les gouttes de dieu – 8 Rue Rossini – 75009 Paris

Le Pinardier 65 Rue de Bretagne – 75003 Paris