La lutte contre la flavescence dorée met la Bourgogne en émoi

Cette décision préfectorale a pu rappeler à certains la logique française du marteau phytosanitaire héritée du productivisme agricole des 30 glorieuses. Ce côté « Apocalypse Now » où l’on « asperge » au moindre nuisible recensé.
Mais c’est oublier la particularité bourguignonne. Cet extrême découpage du parcellaire de la côte de Beaune et de la côte de Nuits où un propriétaire peut se retrouver avec 5 rangs de vignes à côté de son voisin qui en possède 10… Peut-on vraiment être bio quand ses voisins ne le sont pas ? Quant à la citadelle, il est fort douteux qu’elle est l’esprit cadastral… «Ça n’était pas vraiment de gaîté de cœur que nous avons passé une journée de l’été 2013 à traiter. Car voilà des années qu’on ne met plus d’insecticides dans nos vignes, mais il faut bien reconnaître que cette flavescence nous fiche la frousse tant elle nous fait penser au phylloxéra» explique Dominique Gallois du domaine éponyme en Gevrey-Chambertin.
Autour de Beaune où l’hectare coûte parfois jusqu’à 100 fois plus qu’ailleurs et que les rendements sont minimes depuis 4 ans la maladie fait donc encore plus peur qu’ailleurs. Qui prendrait le risque de devoir arracher et brûler ses ceps ? En Bourgogne, du fait des conditions climatiques – et notamment de l’humidité-, les passages au bio restent parfois souvent au stade du discours, même chez les plus prestigieux… Et les deux derniers millésimes du fait de conditions climatiques difficiles ont refroidi bien des ardeurs et même abouti à des renoncements chez ceux qui avaient fait le choix du bio.

Sur place, certains reprochent à Emmanuel Giboulot de s’être fait un bon coup de pub en expliquant qu’il aurait pu utiliser le produit labellisé « AB » prévu pour la flavescence dorée. Mais le vigneron bio a expliqué avoir refusé de l’employer de crainte de rompre l’équilibre biologique de son vignoble. D’autres sont plus compréhensifs, expliquant que les foyers d’infection se trouvaient loin de son domaine.

L’été prochain un traitement devrait encore être appliqué en principe. Cela sera-t-il suffisant pour éradiquer un fléau qui semble se transmettre à partir des jeunes ceps nouvellement plantés. Or entre la vieillesse et les autres maladies comme l’esca, des ceps on en arrache en Bourgogne. «Rien qu’autour de Mâcon, c’est 300 ha qui disparaissent chaque année qu’il faut bien remplacer » explique Robert Perrin vice-président de la Cave des Vignerons des Terres Secrètes, l’un des principaux acteurs coopératifs du Mâconnais. Reste alors à croiser les doigts pour que ces jeunes vignes ne soient pas des bombes à retardement ?