La Petite Table

Cette Petite table porte un nom qui lui va comme un gant. Troquet riquiqui de l’avenue de Versailles, devant lequel on peut passer une, deux, trois fois sans le voir. Et puis un jour, piéton flânant pris d’une fringale, on pousse sa porte. Et là, on se rend compte qu’il n’est pas passé inaperçu pour tout le monde… A midi, l’endroit est plein comme un œuf et si l’on n’a pas réservé, bernique !

Ce ne sont pas des touristes égarés du côté de la Maison de la Radio qui le remplissent mais plutôt des habitués, vieux ou jeunes, des deux sexes, qui semblent avoir suivi depuis longtemps une étoile du berger bistrotière. Le taulier, originaire du Cantal, n’est pas un modèle réduit comme ses tables. Plutôt massif derrière son « petit» comptoir, il s’affaire à débiter ses boissons, tandis qu’une jeune femme alerte- connaissant bien l’Aveyron – se faufile dans une petite salle pour délivrer avec vivacité de généreuses assiettes.

On se retrouve donc coudes serrés, presque épaule contre épaule et contents comme des maquereaux dans leur banc. Et les oreilles ne ratent rien des conversations voisines. Elles peuvent faire la joie d’un sociologue amateur jusqu’à l’arrivée des assiettes où les mandibules rappelleront leurs éminentes fonctions à leurs propriétaires.

Que manque-t-il au répertoire solidement bistrotier et fortement sourcé cantalou -de la viande de Salers aux œufs fermiers..- ? Ni la soupe à l’oignon (9,50€), ni l’œuf cocotte au bleu d’Auvergne (8,50€), en passant par les ravioles de Royans et leurs copeaux de foie gras (13,50€) ou par les filets de harengs pomme à l’huile 9,50. Seule excentricité qui rappellera la Scandinavie, le demi-camembert rôti au miel (9,50€).

Les plats sont issus de la même veine. Boudin noir auvergnat/aligot (19,50 €), chou farci (22 €) aéré et savoureux, pas de la maison mais de l’Aveyron, confectionné par la maison Grialou de Mur-de-Barrez, cette capitale du Carladez qui a donné à Paris des centaines – voire des milliers de bougnats- et qui fut un fief de la famille Grimaldi, donné par Louis XIV aux princes de Monaco… Pour le reste, cette Petite Table est franchement cantalienne. L’escalope de veau « façon normande » est de race Salers (26,50 €). Aurait-elle chagriné Bourville ? Juste pour le clin d’œil, le filet de daurade royale est le seul poisson à l’ardoise.

Evidemment, le dessert le plus symbolique promu – allez savoir pourquoi ?- par cette maison auvergnate est la brioche « façon perdue ». Elle est suave et langoureuse comme une langue de succube. Côté vins, on n’est pas surpris de trouver des cuvées bistrotières fruitées et faciles à boire dont un agréable sauvignon du domaine Pré Baron issus d’un vignoble de Touraine. Mais quoi, on fait pourtant du vin dans le Cantal ? non ?

La Petite Table, 8 avenue de Versailles, 75016 – Tél : 01.45.25.17.03

En semaine de 12h à 14h30 et de 18h30 à 22h30, jusqu’à à 14h le samedi. Fermé dimanche.

A midi
Menu ( avec quelques suppléments..) entrée + plat ou plat + dessert 23,50 €
E+P+D 28,50 €