Jean-Louis Saget, success-story ligérienne

Une croissance comme celle de son groupe n’a pas manqué de susciter quelques jalousies et coups de Jarnac. Des épiphénomènes qui n’ont pas laissé de traces d’amertume chez Jean-Louis Saget. Sa réputation de faire ce qu’il dit et ne de pas «être tordu» l’ont aidé dans ses transactions. Et puis, l’homme affable a su asseoir la renommée de ses vins par quelques jolis coups médiatiques comme son «vin de la mer», des bouteilles déposées au fond de la mer et remontées en 1990 avec le sommelier Faure-Brac.

Au fil des ans, il a su compenser la baisse de la restauration (Lire encadré page précédente) en jouant la grande distribution -pour laquelle il a créé des marques- et surtout la carte de l’export (plus de 50% de ses ventes). Qu’il s’agisse de muscadet, de vouvray ou de touraine, il reste animé par l’obsession de ne pas être assimilé à l’image pas toujours flatteuse du négociant ligérien plus préoccupé d’acheter des volumes de vrac au tarif le plus bas en oubliant la qualité. Pour casser l’image du vil négociant, un bon papier dans le Wine Spectator ne fait pas de mal. Sur le volume de vins vendus chaque année, la part issue des vignobles maison est supérieure au volume acheté à d’autres viticulteurs soit 2,5 millions de bouteilles sur un total de 4,5 millions. De plus dans ce dernier cas, il assure recourir toujours aux mêmes vignerons depuis des années. «Pas d’entourloupette, je suis transparent, chacun sait combien j’achète le vin des autres» assure-t-il.

Un style Saget

Mais la faconde du bonhomme n’aurait eu que peu d’effets si son vin n’avait pas suivi. De fait, il y a un style Saget qui explique aussi cette réussite commerciale. Elégant et précis. Chaque domaine a son régisseur qui a carte blanche, son seul cahier des charges est d’être en adéquation avec le style maison. Ainsi grand soin est donné à la matière première. A Sancerre, la vendange est manuelle. Ajoutez-y un fort investissement dans les chais et les cuves. Résultat, sur toutes les notes de la gamme ligérienne, difficile de trouver un vin qui ne soit pas honorable. Tout le monde ne peut pas en dire autant sur le ruban ligérien…