Le Café Society de Joanie Osburn

Architecte d’intérieur et photographe, la Californienne Joanie Osburn nourrit depuis toujours une passion pour l’univers des bistrots et cafés parisiens. Pas simplement pour leur décor et leur scénographie mais pour les relations humaines qu’ils créent. Elle-même a tenu un café dans la Nappa Valley californienne, célèbre pour ses vignobles. Elle n’y servait que des vins français mais vendait aussi du mobilier bistrot. 

Joanie vient de publier Café Society,  un ouvrage illustré de ses photos consacré aux cafés parisiens plein de vie, de trombines et de mouvements qui ne manquera pas de servir la cause de ceux qui défendent l’art de vivre des cafés parisiens. Pour autant la dame ne manque pas de lucidité.

Quelle différence faites-vous entre un café et un bistrot ? 

Le café est ouvert très tôt le matin jusqu’à tard le soir. On y sert des snacks et on peut y commander un plat tout au long de la journée. C’est décontracté et il y a souvent une terrasse. Le bistrot est ouvert pendant l’heure du déjeuner et du dîner. Le bistrot est un endroit plus petit. On y sert des plats classiques et traditionnels. Reste que maintenant, on voit souvent sur les devantures écrit bistrot-café-brasserie pour le même lieu.

Justement ne trouvez-vous pas que que le terme bistrot soit ambigu ? 

A la fin de mon livre j’évoque les néo bistros, les néo cafés et les néo brasseries. Certains d’entre eux se présentent comme des bistrots mais ils sont parfois très onéreux. 

On a parfois l’impression que bien des visiteurs américains sont « restés scotchés » sur le Paris des années 20, celui des romans de Scott Fitzgerald et de l’âge d’or de Montparnasse ? 

J’aime l’ambiance des romans de Fitzgerald qui évoque le Paris des années 20 et j’adore le Montparnasse de 1920 à 1929. C’est d’ailleurs encore mon lieu de prédilection aujourd’hui. Mais je ne crois pas que ce soit le cas de tous les Américains qui visitent Paris. Ils se rendent plutôt dans les endroits indiqués dans les guides et font la queue au Flore ou aux Deux Magots. C’est d’ailleurs bien triste de voir ces files d’attente.  

En général, les touristes américains comptent parmi les plus appréciés par les patrons de café et les serveurs pour les pourboires mais pour certains Français ils ont un seul inconvénient : ils sont bruyants.  

C’est tout à fait vrai. Même à San Francisco les jeunes parlent si fort que ça en devient insupportable. 

N’êtes-vous pas parfois un peu pessimiste quant à l’avenir des cafés parisiens face à la mondialisation ? 

Je suis assez inquiète quand j’observe certaines tendances. Mais au bout de compte, je suis finalement rassurée que la junk food, les airbnb et les hôtels avec leurs machines Nespresso n’aient pas eu la peau de l’art de vivre des bistrots parisiens. 

Vous écrivez que 85% des restaurants et cafés parisiens servent des burgers ? 

Ça m’a beaucoup surprise de voir les Français consommer autant de burgers. A Paris, on n’en mange pas que dans les fast-food. On en trouve partout dans tous les menus même dans les restaurants gastronomiques. 

Il n’y a pas de photos d’andouillette dans votre livre. C’est pourtant l’un des plats phare des bistrots. Vous n’aimez pas l’andouillette ? 

Je ne suis pas vraiment fan (rires) des tripes mais je pense que je serai capable un jour de déguster un morceau d’andouillette 5A… Les Français mangent pas mal de viande et je suis davantage une adepte du régime méditerranéen même si j’ai du mal à résister à un bon confit de canard. 

Café Society : time suspended ; the cafés, and bistros of paris (édition en anglais)
Joannie Osburn
Acc Art Books
Prix : 55 €