Jean-Luc Petitrenaud au bistrot du paradis

Si Maïté, qui a rejoint les fourneaux célestes le 20 décembre dernier, a symbolisé la cuisine du Sud-Ouest, Jean-Luc Petitrenaud, parti trois semaines plus tard, aura incarné avec truculence et bonhommie la cuisine de bistrot traditionnelle. Celle qui vous évoque ces moments de bonheur de l’enfance profondément ancrés en nous. De ces bruits du glougloutement des petites bulles remontant à la surface de vieux faitouts ayant recueillis les quelques ingrédients tombés sous la main de votre grand-mère. Tel le bœuf mironton. 

Contrairement à nombre de ses compatriotes montés à Paris, Jean-Luc Petitrenaud, natif de Clermont-Ferrand, ne « charbougnait *» pas. Sa voix était claire et chantante. Rien ne le prédestinait  à devenir chroniqueur gastronomique. Le bonhomme avait commencé avec une formation de chaudronnier avant de bifurquer. Voulant devenir comédien, il  avait suivi des cours de clown à l’école du cirque d’Annie Fratellini. C’est sans doute de là qu’il tenait son talent de comédien et son inventivité. 

Avec son « Bistrot du Dimanche » tenu 16 ans sur Europe 1 puis ses « Escapades de Petitrenaud » et autres « Carte postale Gourmande » sur France 5  », il avait développé un côté « Tonton Cristobal est revenu » qui déboulait dans les cuisines et enchantait restaurateurs, producteurs de tous les métiers de bouche. Au bistrot, il passait derrière le zinc embrasser la patronne.

Il restera dans les mémoires intimement lié à un âge d’or des bistrots à vin des années 80 et 90 où les vins d’auteurs mis en avant par des patrons passionnés s’accordaient avec de bonnes charcuteries et une litanie de la cuisine bistrotière. A commencer par le museau dont il savourait la vinaigrette moutardée. 

« Manger c’est un joli mot parfois il y en a marre de la dégustation » avait-il dit un jour. Une  profession de foi. Il n’était pas vraiment du genre à partager le silence eucharistique d’un minimalisme instagrammable comme une assiette branchouille recueillant un brin de chou kale faisant face à trois grains de caviar …

*Charbougnat : fusion des termes de charbonnier et d’auvergnat qui a donné le bougnat…