Les Hauts-de-France, nouvel eldorado de la frite surgelée !

Grâce aux investissements de McCain -en partie-, la France, longtemps exportatrice de patates mais importatrice de frites surgelées – notamment belges-, va réduire sa dépendance. Des dizaines de milliers de tonnes de frites supplémentaires vont être produites dans les Hauts-de-France afin de répondre au marché mondial qui connait une croissance annuelle de plus de 4,5%.

Or la France jusqu’à maintenant, exportait presque la moitié de sa production de patates – soit 7 millions de tonnes par an – principalement en Belgique- pour importer en retour des produits finis et des chips, perdant du coup la valeur ajoutée de leur transformation. Des industriels belges de la frite tels que Lutosa ou Clarebout par exemple – ont bien su tirer leur frite du jeu. « En 20 ans, leur production est passée de 750 00 tonnes à 3,1 millions de tonnes de frites surgelées produites notamment à partir de pommes de terre importées de France qui, dans le même temps, a vu sa production plafonner » explique Bertrand Houillon, délégué général du Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre (GIPT). Mais, la situation est en train de changer. Désormais, les Belges s’implantent en France à l’exemple de cette usine à Dunkerque de Clarebout qui devrait sortir 1400 tonnes/jour de frites et de flocons pour purée destinées à des marques distributeur de la Grande Distribution.

Il va manquer 40 000 ha dans les Hauts-de-France

Avec ces nouvelles usines, on commence à craindre de manquer de tubercules ? Comme le relevait le journaliste Olivier Masbou dans Actuagri du 18 janvier 2024 : « Lorsque l’ensemble de ces usines entrera en activité, il faudra produire, d’ici cinq ans environ, plus d’un million de tonnes supplémentaires de tubercules. Soit quelques 40 000 hectares de pommes de terre. » Ouf ! Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France qui suit le dossier, se fait fort, promet-il, de les trouver.

En tout cas, les plus heureux sont les producteurs de pommes de terre qui ont déjà connu une hausse moyenne de 60% des cours en deux ans à laquelle la loi Egalim n’est pas étrangère. Tous ne sont pas liés aux industriels de la frite ou ne leur concèdent pas toute leur production. Et d’ailleurs, devant l’engouement pour les frites fraîches certains sont tentés de se lancer à leur tour dans la production de frites. « Mais si le produit n’est pas compliqué et l’investissement en équipement peu élevé, la logistique à mettre en place pour toucher les centres urbains et fidéliser ses clients est une autre paire de manches » assure Clément Doat de la Maison de la Frite, issue d’une famille d’agriculteurs de l’Oise.

Et puis, il y a le risque météo entre pluie et sécheresse, la tubercule est sensible au mildiou qui se développe avec l’humidité. Et du côté de la FNSEA, on ne manque pas de réclamer des dérogations au plan Ecophyto 3 pour recourir à certains pesticides. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Dégrader la terre pour produire davantage de frites surgelées destinées à l’export, est-ce défendre la souveraineté alimentaire ?

Dossier Frites juin 2024 :
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