Le Languedoc aborde 2014 avec le vent en poupe.

Tout cela s’est également accompagné d’une analyse des coûts et donc les conditions de production prenant en compte nombre de critères (palissages, plantations, taille etc). Bref tous les éléments permettant de calculer les prix de revient pour définir le bon niveau d’investissement. Une sorte de vérité des prix assez éloignée de la culture vigneronne à la jugeote.

L’export ne compte pas pour rien dans cette bonne santé. Avec 453 millions de cols (AOC et IGP), le Languedoc est la première région exportatrice de France. Et des pays comme les USA et le Canada continuent d’être très porteurs avec de bien meilleures valorisations qu’en France et des croissances des ventes à deux chiffres.
Pour le rosé avec 2,1 millions d’hl, le Languedoc-Roussillon n’est pas non plus en reste. Il est aujourd’hui le premier producteur français et presque un rosé sur 10 produit dans le monde est d’origine languedocienne.

Enfin une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, à rebours des autres vignobles français, 2013, selon le CIVL, est un excellent millésime languedocien en qualité comme en quantité. Avec 13,5 millions d’hl, la production sera supérieure d’1,5 millon d’hl par rapport à 2012.

Bien évidemment cet optimisme économique mérite d’être nuancé quand on aborde le plan humain. Le vignoble n’est pas exempt de nappes de désespérance par exemple dans l’Aude. Et les vieilles cultures productivistes inscrites dans les gènes de certains coopérateurs sont encore à l’œuvre… Enfin les projets d’irrigation font craindre le pire chez ceux qui recherchent l’excellence. Mais, Frédéric Jeanjean a voulu désarmer ces inquiétudes qui pourraient surgir à l’avenir avec les plans d’irrigation qui vont se multiplier sur le vignoble languedocien. «Il ne s’agit pas de produire plus, mais de soulager le stress hydrique des vignes» explique-t-il, façon de mettre un peu d’eau dans son vin..

La polémique à propos des moûts concentrés
A côté du credo affirmé de la qualité, le débat sur les moûts concentrés rectifiés (MCR) permettant d’enrichir le vin brouille un peu l’image. Ces quatre dernières années, ce recours aux MCR était subventionné par l’Union Européenne à titre transitoire. Et pour cause, les MCR reviennent 3 à 4 fois fois plus cher qu’une chaptalisation par le sucre autorisée dans d’autres vignobles (Bordeaux, Champagne, Alsace) mais interdite en Languedoc. Lors de la vendange 2013, nombre de coopératives ont revendiqué la possibilité d’une chaptalisation exceptionnelle pour compenser ce surcoût. Le refus du préfet de région a fait pas mal de remous dans le Landerneau viticole local. «On a bien compris que les subventions des MCR appartenaient au passé mais nous souhaiterions une règle nationale à propos de l’enrichissement des vins» explique René Moreno président de la cave de Montagnac et qui représente la voix coopérative au CIVL. Même s’il est difficile de comprendre pourquoi dans un vignoble si ensoleillé (320 jours par an…) le besoin d’enrichir les vins se fasse sentir si fort. En fait, il semble que ce soit les blancs qui soient davantage concernés : «Quand on rentre un sauvignon à 11° qui se tient par son acidité mais que le marché nous demande 12°, comment faire ? On est bien obligé d’enrichir.» explique René Moreno. Peut-on alors dès lors parler d’enrichissement sans cause ?